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Inventaire général du patrimoine culturel
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édifice / site
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Phare des Héaux de Bréhat (Etablissement de signalisation maritime n° 576/000)
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localisation
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Bretagne ; Côtes-d'Armor ; Ile-de-Bréhat
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aire d'étude
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Subdivision de Lézardrieux
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lieu-dit
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Héaux de Bréhat (sur la roche de) ; Bréhat (à 4 km au large N-O de l'île de)
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dénomination
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phare
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époque de construction
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2e quart 19e siècle
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année
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1832 ; 1835 ; 1840
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auteur(s)
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Reynaud Léonce (ingénieur, architecte) ; Lemonnier (entrepreneur) ; Boyer (entrepreneur) ; Auffret (architecte) ; Hardion (architecte) ; Le Granit Rose (entrepreneur) ; Rouville André de (architecte)
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historique
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Dès 1825, la Commission des Phares envisageait l'exécution du phare des Héaux de Bréhat et demandait en conséquence à l'ingénieur de l'arrondissement de Guingamp de fournir les plans d'un support provisoire en charpente. Il est construit par le maître charpentier Chevalier de Saint-Brieuc entre juin et septembre 1832 mais pour une somme triple que les dépenses prévues initialement à savoir 33 891 francs au lieu de 10 700 francs . Les ingénieurs justifièrent cette augmentation des dépenses en dénonçant la précipitation avec laquelle le devis avait été rédigé et l'impossibilité dans laquelle ils se trouvaient d'estimer à leur juste valeur tous les faux-frais liés à la dangerosité de l'endroit et inhérents à toutes constructions en mer sur un écueil difficile d'accès. L'Administration se résolut à régler le supplément de facture sans demander son reste, mais prit conscience de sa méconnaissance totale des nouvelles méthodes particulières de construction nées avec l'exécution des premiers phares. A l'avenir il convenait de préparer les devis méthodiquement et d'examiner scrupuleusement chaque détail ; pour les chantiers les plus difficiles, d'autre part, un ingénieur détaché s'occuperait à plein temps de la conduite des travaux ce qui fut le cas pour la tour définitive en maçonnerie des Héaux. Dès 1833 l'échafaud de charpente, très abîmé par les tempêtes et les vagues, menaçait ruine et il devenait urgent de le remplacer par une tour de haute taille pour résister aux éléments. Pour réaliser cette entreprise la Commission des Phares dépêcha sur place en juillet 1834 un ingénieur particulier, Léonce Reynaud, réintégré depuis peu, pour y recueillir tous les éléments nécessaires à la rédaction du proje du euexième phare en mer français après celui du Four à l'embouchure de la Loire. D'une toute autre nature, cette réalisation demandait de véritables prouesses techniques ainsi qu'un édifice beaucoup plus volumineux et plus élevé. Reynaud prépara méticuleusement son affaire, dessina ses premiers plans de phares selon une conception très personnelle de l'architecture, c'est à dire en fait sans prendre pour modèle les tours britanniques déjà construites. L'adjudication, présentée en février 1835, fut accordée parmi 11 soumissionnaires au Sieur Lavoué, demeurant à Pontivy, car il offrait le meilleur rabais de 13% sur la somme de 194 522 francs estimée par l'Administration. Dès les beaux jours les problèmes commencèrent et l'entrepreneur estima très rapidement les difficultés insurmontables du chantier ; il manifesta dès lors son intention de résilier son contrat. Une première mise en demeure préfectorale, puis une seconde, puis la mise en régie de l'entreprise n'y changèrent rien et notre homme ne manifesta jamais l'intention de reprendre le travail encore moins de l'achever. Au milieu de l'été on lui substitua l'entreprise Lemonnier et Boyer qui lors de la soumission de février 1835 avait accepté un rabais de 12, 5% mais encore une fois les travaux connurent les pires difficultés car les moellons de construction manquaient sur place et l'on dut les prendre à l'île Grande à plus de 14 milles de distance ce qui n'était absolument pas prévu par le devis. Pour ne rien arranger l'un des associés, Boyer, se noya en juillet 1835 et son compagnon comprit lui aussi que les obstacles étaient trop importants pour qu'il puisse parvenir à les surmonter si bien qu'il cessa de fournir les hommes et les matériaux nécessaires aux travaux. Une nouvelle fois le préfet prononça le 5 avril 1837 une mise en demeure et l'établissement d'une régie ; une nouvelle fois l'entrepreneur demanda la résiliation pure et simple du marché. Dans l'impossibilité matérielle de remplir ses engagements, l'État lui accorda la résiliation du contrat mais au cours des trois campagnes de 1835, 1836 et 1837 il avait dépensé plus de 157 000 francs et se trouvait alors sans aucun fonds propre ; il ne pouvait même plus payer le petit nombre d'ouvriers restés sur place. Dès lors se posait la question de l'achèvement de cette tour mais on laissa de côté la solution de la réadjudication car les ingénieurs craignaient, à juste titre sans doute, qu'aucune nouvelle proposition ne fût produite eu égard aux déboires passés des deux précédents entrepreneurs. Il fut décidé en conséquence de les terminer en régie directe mais la situation ne s'éclaircit pas pour autant et en octobre 1838 les tailleurs de pierre refusèrent de travailler à la tâche et menacèrent de quitter le chantier. Réunis en société ils acceptèrent les conditions proposées par Reynaud et les travaux reprirent. Pas pour longtemps cependant car en décembre l'ouvrier Legoff se tuait à l'île Marville où il s'occupait de l'extraction des matériaux destinés à la tour. A la même époque Le Boison, tailleur de pierre, fut victime d'une violente attaque d'épilepsie attribuée à la frayeur continuelle que lui imposait la vue de la mer venant battre le pied du phare à près de 40 mètres en dessous de l'échafaudage ; dans ces conditions de travail très pénibles les ouvriers réclamèrent des primes qui leur furent accordées. Enfin le premier février 1840 le feu brillait à plus de 47 mètres au-dessus des plus hautes mers après avoir coûté au total 531 679, 28 francs non compris la lanterne et l'appareil optique. De multiples raisons expliquaient cette augmentation : des achats non envisagés dont ceux d'une patache ou de treuils mécaniques, la hausse des prix de la main-d'oeuvre et des matériaux, les difficultés d'abriter et de loger les maçons sur l'écueil, les carrières plus éloignées que prévu, la perte de plusieurs chargements et de chalands...L'affaire d'ailleurs n'en resta pas là puisque en 1841 Lemonnier réclama une indemnité pour une perte totale estimée à 150 000 francs ; l'administration lui accorda en 1843, à titre gracieux une allocation de 29 578 francs qu'il refusa. Il rédigea une nouvelle réclamation à laquelle on ne donna pas suite si bien qu'en désespoir de cause et totalement ruiné il accepta "le solde de cette fatale entreprise" le 13 juin 1845 bouclant définitivement le dossier de la construction du phare des Héaux . Le feu s'éteignit en 1940. En août 1944, les Allemands dynamitèrent la partie supérieure de la tour sur 15 m de hauteur. Reconstruction à l'identique par André de Rouville : la tour est surélevée d'un étage et portée à 58 m.
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description
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- Description architecturale : Taille générale : 47 m. Description : Tour cylindrique en maçonnerie de pierre de taille de Kersanton sur soubassement en fût de chêne. Consoles assemblées par des plates-bandes supportant une balustrade à dés. Couronnement intermédiaire au niveau du 4 ème étage. Balustrade à dés. Reconstruction de la partie supérieure. Hauteur au-dessus de la mer : 53, 30 m. Surélévation de 2 étages. Taille générale : 56, 60 m. Description : Reconstruction à l'identique. - Description technique : 1ère optique : 1er février 1840 : Feu fixe blanc, optique de 0, 92 m.de focale. Fabricant : SOLEIL. Autre optique : 10 octobre 1902 : Feu fixe blanc et rouge, optique de 0, 70 m. de focale, 1930 : Feu d'horizon à 3 occultations 18 secondes à secteur blanc-rouge-vert, optique de 0, 70 m. de focale. Nouveau phare : 1950 : Feu d'horizon à 3 occultations toutes les 18 secondes, secteurs blanc, rouge et vert, optique de 0, 70 m. de focale. 1982 : Feu d'horizon à 3 occultations toutes les 12 secondes, secteurs blanc, rouge et vert. Optique de 0, 50 m. de focale. Huile végétale : 1840. Huile minérale : 1880. Vapeur pétrole : 1905 manchon 80 mm. Radiotéléphone : 1941. Electrification : 1979. Automatisation : 1979. Fin du gardiennage : 1982
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étages
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étage de soubassement ; 9 étages carrés
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gros-oeuvre
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pierre
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état
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inégal suivant les parties
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propriété
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propriété de l'Etat
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site protégé
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site inscrit
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type d'étude
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inventaire des phares
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rédacteur(s)
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Dreyer Francis ; Fichou Jean-Christophe
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référence
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IA22001256
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© Ministère de l'équipement, Bureau des phares et balises ; © Ministère de la culture, Inventaire général
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enquête
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2001
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date versement
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2003/12/12
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date mise à jour
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2005/09/05
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crédits photo
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Dreyer, Francis - © Francis Dreyer ; © Ministère de l'équipement, Bureau des phares et balises ; © Ministère de la culture
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Contact service producteur
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voir aussi
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Visite guidée
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