historique
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Les trois stations des Arcs, comprenant 30 000 lits touristiques, furent réalisées en une vingtaine d'années, sur les pentes de l'Aiguille-Grive (2732 m d'altitude) , au-dessus de Bourg-Saint-Maurice et d'Hauteville-Gondon pour les deux premières. De 1968 à 1973, c'est Arc 1600, considérée comme le laboratoire, et à partir de 1974, Arc 1800. Puis Arc 2000 sera fondée à partir de 1978, au cour de la vallée de l'Arc, au pied l'Aiguille Rouge qui culmine à 3226 m. Grâce à R Blanc (1933-1980) , berger dans son enfance sur la montagne des Arcs, moniteur de ski à Courchevel et guide de haute montagne, R Godino, jeune manager en développement, découvre le site en 1961. Il s'engage dans la création d'une station de sports d'hiver qu'il conçoit d'emblée comme une entreprise. Il constitue en 1964 la Société des Montagnes de l'Arc, chargée de réaliser toute la station, depuis l'acquisition des terrains jusqu'à l'animation culturelle et sportive, en passant par l'installation des remontées mécaniques, l'aménagement du domaine skiable, la construction des immeubles résidentiels et leur commercialisation. Godino s'assure que l'innovation soit permanente en s'entourant d'une équipe pluridisciplinaire qui intègre les fonctions de maître d'ouvrage, de maître d'ouvre et de gestionnaire. La composition des Arcs est inspirée des réflexions de Le Corbusier sur la cité moderne, et de la philosophie architecturale insufflée par C Perriand (1903-1999) , qui, à la demande de D Pradelle (1913-1999) , consacre 20 ans de sa vie de création de 1967 à 1987 à la conception de la station. Autour d'elle se rassemble un groupe de concepteurs qui partagent les mêmes convictions autour du mouvement moderne et des idées développées par les CIAM et Le Corbusier : l'équipe de l'AAM, composée des architectes-urbanistes D Pradelle, G Regairaz, G Rey-Millet, P Quinquet, A Bardet, J-G Orth, le graphiste P Faucheux qui conçoit la Coupole, dont la charpente en bois lui inspire le logo de la station, le charpentier menuisier B Taillefer, qui s'exprime comme architecte, les architectes R Rebutato et A Tavès et l'ingénieur J Prouvé qui conseille l'équipe à de nombreuses reprises. Ensemble, ils recherchent l'intégration au site, concentrant l'implantation des constructions pour en réduire l'impact dans le paysage. Ils font le choix de la station sans voitures, dont le tracé des chemins piétons structure l'organisation urbanistique des commerces, des équipements, et des entrées résidentielles. Certains immeubles sont disposés en peigne, perpendiculairement à la pente, laissant le plateau libre pour les pratiques sportives de ski en hiver et de golf en été. Malgré la grande densité des programmes, et les contraintes de la préfabrication, chaque logement est conçu comme une cellule individuelle dont l'organisation est déclinée sans cesse différemment, tout en répondant à des exigences de surfaces draconiennes, grâce aux recherches sur l'art d'habiter la montagne, absence de vis-à-vis entre logements, terrasses isolées, coursives collectives personnalisées, salles de bains cabines et mobiliers adaptés. Le départ en 1990 du fondateur des Arcs a morcelé la gestion de la station entre plusieurs partenaires, fragilisant le maintien de l'exceptionnelle cohérence architecturale et urbaine, qui a fait des Arcs un repère essentiel dans l'évolution de l'aménagement en montagne au XX° siècle.
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