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Inventaire général du patrimoine culturel
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édifice / site
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les industries de Morez
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thèmatique
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les industries de Morez
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localisation
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Franche-Comté ; Jura ; Morez
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aire d'étude
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Morez
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dénomination
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usine d'horlogerie ; usine de lunetterie ; usine de traitement de surface des métaux ; usine de pièces détachées en matière plastique
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époque de construction
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19e siècle ; 1ère moitié 20e siècle
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historique
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Le canton de Morez est longtemps resté isolé du fait du climat, d'un réseau routier indigent et de l'arrivée tardive de la voie ferrée (1900). L'attachement à leur terre de paysans bloqués de longs mois par la neige a conduit, comme dans l'ensemble du Haut Jura, au développement d'une industrie de main d'oeuvre, fabriquant des produits légers, peu encombrants et à forte valeur ajoutée, exportés dans le monde entier. Morez est née au 15e siècle de la création, sur la Bienne et son affluent l'Evalude, de moulins, battoirs à chanvre et foulons à draps. Très rapidement s'ajoutent tanneries, scieries et clouteries (dès le milieu du 16e siècle) : les habitations font largement appel au bois, notamment pour la protection des murs et leur toiture recouverte de " tavaillons " (bardeaux) fixés au moyen d'innombrables clous. La métallurgie devient alors l'industrie caractéristique du bourg. Si les clouteries sont la plupart du temps de petits ateliers équipés d'un outillage sommaire, à côté se constituent de véritables usines hydrauliques : grosses forges, martinets, taillanderie, etc. Industriel entreprenant, Jean-Baptiste Dolard crée ainsi en 1706 une fabrique de faux puis construit un éphémère haut fourneau, qu'il remplace en 1726 par la première tréfilerie de Franche-Comté (la " tirerie ", détruite). Dans les années 1660-1670, la famille Mayet introduit à Morbier l'industrie horlogère, spécialisée dans l'" horlogerie en grand " : horloges d'édifice et de parquet (les célèbres comtoises). Avec un outillage réduit et pour technique principale le forgeage du métal, le savoir-faire acquis dans la clouterie par les paysans pluriactifs trouve une nouvelle occasion de s'appliquer. De 1780 à 1840 se met donc en place un établissage horloger efficace : les travailleurs à domicile se voient confier diverses étapes de fabrication des horloges (dont les pièces se standardisent) et le montage final a lieu chez les établisseurs à Morez, qui devient une véritable ville. La production passe de 4000 comtoises environ vers 1800 à plus de 100 000 en 1850 (avec un prix divisé par 7 ou 8) , enrichissant les établisseurs (à la fois fabricants et négociants) à l'image de Claude Jobez. D'autres productions coexistent, dérivées de l'horlogerie : tournebroches, miroirs aux alouettes, plaques émaillées, etc. Tout d'abord achetés en Suisse, les cadrans émaillés utilisés à partir de 1755 sont à partir de la décennie 1770 fabriqués à Morez. De nouvelle usines apparaissent donc pour fournir les pièces métalliques nécessaires à l'horlogerie : roues, couronnements et timbres sortent des fonderies, frontons, balanciers et aiguilles sont estampés mécaniquement, etc. Le travail à domicile se traduit par la multiplication des fenêtres en façade des fermes, maisons et immeubles et un voyageur note en 1801 : " il n'est pas une maison dans le village qui ne soit atelier, manufacture ou métier ". L'essoufflement de l'horlogerie à partir des années 1860 est compensé par la montée en puissance d'une nouvelle industrie, réutilisant les compétences et les réseaux de distribution existants : la lunetterie. Les premières lunettes de la région sont réalisées vers 1796 par Pierre-Hyacinthe Caseaux, utilisant le fil de fer de sa pointerie des Rivières (commune de Prémanon). Son filleul Pierre-Hyacinthe Lamy s'installe vers 1833 dans l'usine de l'Abbaye, dans le haut de Morez, où il industrialise la fabrication des lunettes. La société Lamy et Lacroix y produit aussi des verres correcteurs (par surfaçage) et innove avec les couverts en métal argenté (elle acquiert immédiatement après Cristofle le droit d'exploiter le brevet Ruolz de 1840). La production totale passe de 3600 paires de lunettes en 1806 à 720 000 en 1847 puis 11 millions en 1882. En 1880, Morez compte 460 horlogers sur les 742 du canton et 536 des 1384 lunetiers (ils seront 2500 en 1929). La nécessité d'une formation professionnelle, qui a conduit à un essai d'école d'horlogerie " en petit " (mont res) de 1855 à 1861-1862, se traduit par la création d'une école pratique d'industrie en 1895 (dotée d'une section lunetterie en 1904) , ancêtre de l'Ecole nationale professionnelle d'Optique qui ouvrira en 1932. La fabrication lunetière, qui perpétue l'établissage, reste discrète dans un premier temps, réutilisant les ateliers d'horlogerie. En 1913, la ville compte 5 lunetteries accueillant dans leurs murs plus de 50 personnes (dont 2 de plus de 100 personnes) , 25 rassemblant de 10 à 50 ouvriers, une cinquantaine d'ateliers patronaux de moins d'une dizaine de personnes et 350 à 400 ateliers familiaux, le tout occupant plus de 1300 lunetiers. La généralisation de l'énergie électrique va favoriser à la fois le maintien du travail à domicile (jusque dans les années 1970) et la création, durant la dernière décennie du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle, de nouvelles usines indépendantes des cours d'eau. Se distinguent celles de la Société des Lunetiers (1896) , de la Manufacture mécanique de Lunetterie et d'Optique (MMLO, 1928-1929) , les deux créées (en 1936 et 1950) par la société horlogère Odo et, plus près de nous, celle de la société L'Amy (1964). Des industries connexes se développent aussi : fabriques de composants pour la lunetterie (en métal ou en plastique) , ateliers de traitement de surface, etc. Devenue capitale française de la lunetterie, Morez connaît un grand essor durant les Trente glorieuses. En 1997, 10 millions de montures (dont 90 % sont métalliques) sont produites dans le canton (soit 55 % de la production mondiale) par 2850 personnes ; à Morez même, 60 % de la population active travaille dans ce secteur. La crise économique conduit à la délocalisation en Asie d'une partie de la production (la conception étant maintenue sur place) , à la disparition de sociétés et à la désaffectation d'usines (la MMLO est détruite).
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description
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Morez est avant tout une ville industrielle, ce qu'attestent les quelques usines imposantes qui ponctuent ses rues. Elle l'est plus encore par la multitude des ateliers plus ou moins importants qui, en toute discrétion, colonisent ses habitations et peuplent leurs cours. Ces ateliers se signalent souvent simplement par la multiplication des fenêtres, dont certaines sont caractéristiques : d'un petit module, presque carrées, elles sont appelées " fenêtres horlogères " ou " lunetières " (suivant l'époque) et sont souvent situées aux étages pour obtenir un éclairage maximum. La construction est traditionnelle, en moellons calcaires enduits et avec une toiture métallique à longs pans, jusqu'aux bâtiments en pan de béton armé de la MMLO et des usines Odo. L'architecture est sobre : la réussite s'y manifeste peu et le décor en est absent.
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propriété
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propriété privée ; propriété publique
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type d'étude
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inventaire topographique
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rédacteur(s)
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Poupard Laurent
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référence
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IA39001291
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© Région Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
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enquête
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1991
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date versement
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2010/06/23
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date mise à jour
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2012/04/19
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crédits photo
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Sancey, Yves - © Région Franche-Comté, Inventaire du patrimoine, ADAGP
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dossier en ligne
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service producteur
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Région Franche-Comté - Direction de l'Inventaire du patrimoine 4, square Castan 25031 Besançon Cedex - 03.63.64.20.00
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