historique
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L'institution des béates est une organisation religieuse spécifique au Velay. D'abord créée au Puy en 1665, l'oeuvre d'enseignement du catéchisme d'Anne-Marie Martel (1644-1673) s'étend aux campagnes environnantes et conduit à la création des " demoiselles de l'instruction " chargées de former les " filles de l'Instruction de l'Enfant Jésus ", les futures " béates ". Après quelques années de formation la future béate partait exercer dans un hameau à la demande des habitants, lesquels assuraient sont logement et son ameublement sommaires. Sa mission première était de donner une instruction religieuse aux enfants, surtout aux filles. Durant la semaine, entre les heures de catéchisme et les exercices de dévotion, elle enseignait la lecture et parfois l'écriture ou le calcul. L'enseignement et la pratique de la dentelle au fuseau étaient également l'une des activités importantes de la béate. Les maisons de béates, également appelées maisons d'assemblée ou l'assemblée, étaient construites par la communauté villageoise qui en demeurait propriétaire. Toutes les maisons de béates subsistantes datent du 19e siècle. Elles sont en rez-de-chaussée et possèdent un étage. Outre une salle pour la réunion des élèves et les assemblées du village, elles comportent une cuisine et une chambre minuscules pour le logement de la béate. On identifie facilement ces édifices à leurs dimensions modestes et surtout à leur petit campanile ponctuant autrefois la vie scolaire et religieuse. La salle d'assemblée comportait toujours des bancs, une horloge, un chemin de croix et parfois des tables, des prie-Dieu. Pendant le mois de Marie, on y dressait un reposoir, en forme de gradins, recouvert de nappes et de dentelles. Il était destiné à l'exposition d'une image ou d'une statuette de la Vierge entourée de chandeliers et de bouquets de fleurs. Dans le canton de Tence, 17 maisons de béate ont été repérées, dont 6 sont étudiées. Elles datent du 19e siècle. Neuf d'entre elles portent une date : 1845, 1854, 1864, 1866, 1867, 1870, 1872, 1875, 1877. A Chenereilles, quatre écarts de la commune possèdent une maison de béate dont trois sont datées : Flaviac (1854) ; Maméa (1866) ; Le Villard (1867) ; Le Maisonial, sans date (seconde moitié 19e siècle). Autrefois ces maisons appartenaient aux habitants des sections ; actuellement deux d'entre elles sont des propriétés privées. Au Mas-de-Tence, trois écarts de la commune possèdent une maison de béate : Plantespinas, Les Beaux et Le Crouzet. Celle du hameau du Crouzet, en partie ruinée, n'a pu être repérée. La maison de béate des Beaux est datée de 1870 (date portée sur le linteau de porte) , sa toiture à croupes est effondrée. Celle de Plantespinas est postérieure au cadastre de 1830. A Tence, les sept maisons de béate repérées datent du 19e siècle. Deux d'entre elles portent une date : celle de Pleyne (1864) et celle de Réouze (1875). Trois autres maisons de béate n'ont pas été repérées : celles de Crouzilhac et de Mascourtet qui sont ruinées ; celle de La Brosse qui est un local ménagé dans une étable. A Saint-Jeures, la partie nord de la commune, catholique, conserve quatre maisons de béate : la Chomette (1877, partiellement ruinée) , Fromental (1872) , Pélinac (non datée) et Pouzols (1845). Deux autres sont aujourd'hui détruites : Charbonnière et la Gaillarde. Enfin, au lieu-dit le Rochain (parcelle n° 1357 du cadastre) , un local privé encore visible aurait servi de maison d'assemblée.
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