historique
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Laetia est sous l'occupation romaine un camp de colons, les lètes, défricheurs de terres, devant défendre ces dernières devant les " Barbares " et assurer une certaine stabilité des frontières de l'Empire romain. Un couvent de femmes est attesté à Liessies entre 764, date supposée de sa fondation, et le Xe siècle sous le patronage de sainte Hiltrude. Il aurait été créé par son père d'origine poitevine, Wibert, sous le règne de Pépin le Bref. Par souci d'unification, les souverains carolingiens obligent le monastère de Liessies à suivre la règle de saint Benoît. Celle-ci est adoptée définitivement en 817 lors du concile d'Aix-la-Chapelle. Après les ravages que causent à l'abbaye les envahisseurs normands et hongrois, l'archevêque de Cologne Brunon tente de la restaurer en y installant des chanoines réguliers, mais ses biens sont spoliés au Xe siècle par les seigneurs d'Avesnes. Cependant, Thierry, seigneur d'Avesnes, lui assure une sorte de seconde fondation en 1095 ; sa veuve aidée de l'évêque de Laon, Barthélémy, poursuit son oeuvre. Cet évêque consacre l'église abbatiale en 1114. Peu après une église paroissiale est érigée en dehors de l'enclos monastique. L'essor intellectuel de l'abbaye est alors considérable : son scripturaire est renommé dans toute l'Europe. Mais les difficultés ne tardent cependant pas à réapparaître : les spoliations opérées par les seigneurs d'Avesnes, une succession d'abbés incompétents, les troubles provoqués par la guerre de Cent Ans sont autant de causes de déclin et de relâchement de la discipline. Le redressement n'intervient qu'avec l'élection en 1530 de l'abbé Louis de Blois (1506-1566) dit le Vénérable, apparenté par sa mère à la famille de Croÿ. Il entend rendre à la communauté son caractère monastique en revenant à l'observance stricte de la règle bénédictine. L'abbaye se maintient jusqu'à sa suppression à la Révolution française. Les statuts rédigés par Louis de Blois en 1539, confirmés par Paul III en 1545, et qui constituent les normes de sa réforme, inspireront les restaurations entreprises à Saint-Denis-en-Broqueroie et à Saint-Ghislain, de même qu'en dehors du Hainaut, à Saint-Hubert et Saint-Gérard. Louis de Blois est également un abbé bâtisseur : l'abbatiale, le dortoir, une chapelle monumentale destinée aux reliques, une nouvelle église paroissiale sont entrepris sous sa direction ; après lui Nicolas Le Francq (1578-1610) achève la construction du cloître. L'activité temporelle des moines couvre l'exploitation de forges à Liessies même, ainsi qu'à Féron. Ils élèvent les bâtiments de l'abbaye, administrent leurs domaines en créant au XVIIIe siècle un système de drainage et d'irrigation encore partiellement visible aujourd'hui. Ainsi la gestion des terres, apparentant l'abbé aux grands seigneurs, prend le pas sur la vie spirituelle. En 1790, il reste 26 moines à l'abbaye, qui en sont bientôt chassés. Les lieux sont pillés, l'occupation de 1816 à 1818 par les troupes russes achevant la dégradation des bâtiments. Aujourd'hui seuls demeurent des éléments secondaires : les deux tours d'entrée fortifiées, le système d'irrigation, une partie des communs et des écuries, la forge et la résidence-ferme des moines (actuels château et ferme de la Motte).
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