historique
|
La pratique des bains à la lame nécessite d'être au plus près de l'eau. Si la commune parle dès 1858 d'établir un établissement de bains sur la digue, ce n'est qu'à partir du 20 juillet 1877 que les archives parlent d'une portion de plage longue de 250 mètres louée par l'État à la commune de Mers-les-Bains. Le 1er février 1884, un nouveau bail est signé entre l'État et la commune : ce dernier l'autorise à placer pendant la saison des bains de mer les cabines et le matériel nécessaire à l'exploitation des bains à la lame. De plus, la commune est autorisée à percevoir des particuliers une redevance pour la location des cabines de bain sur cette partie de la plage. En contrepartie, la commune ne peut élever sur cette plage aucune construction ni ouvrage fixe, ni faire des travaux en contrebas des plus hautes marées. Les travaux exécutés au-dessus de ce niveau ne doivent quant à eux pas modifier le relief naturel de la plage. Par ailleurs, la construction des cabines fixes n'est possible qu'après en avoir reçu l'autorisation et uniquement à la suite d'une enquête de commodo et incommodo. Enfin, les baigneurs gardent le droit de se baigner gratuitement sur cette portion, sauf s'ils utilisent du matériel municipal. Le bail est fixé à deux cent francs par an. Les premières cabines de l'établissement de bains froids sont placées en face de la rue Buzeaux : au nombre de quarante, elles sont près de deux cent vingt en 1891. Les instructions du cahier des charges imposaient un espace entre chaque cabine, mais leur nombre croissant implique que celles-ci sont désormais accolées, formant un bloc compact en front de mer. En 1891, le propriétaire du Grand Hôtel du Casino, Quincampois, demande à la municipalité de déplacer ces cabines devant la rue des Bains (actuelle rue Paul-Doumer) , plan à l'appui. Mais la municipalité de Mers-les-Bains se montre réticente, pensant que les problèmes ne seraient que déplacés. Finalement, la destruction du casino (2) au droit de la rue du Fortin (actuelle rue Julien-Hédin) et la construction d'un nouveau casino plus à l'ouest favorise le déplacement des cabines au droit de la rue des Bains (actuelle rue Maurice-Dupont, entre les îlots 13 et 15) au cours des saisons 1892 et 1893. Mais toujours implantées sur le terre-plein, elles gênent à nouveau d'autres riverains du front de mer : les nombreuses plaintes amènent la municipalité à construire une terrasse en contrebas de l'esplanade encore digue de galets, afin de limiter la hauteur des cabines. L'architecte Boeuf est chargé des travaux : le premier projet, daté du 27 septembre 1894 prévoyait une terrasse se déployant sur la longueur de deux îlots (actuels îlots 13 et 15). A la demande des Ponts et Chaussées, un second projet est dessiné, daté du 23 avril 1895. Cette fois, la terrasse, toujours en contrebas de l'esplanade, se déploie sur la largeur de trois îlots (actuels îlots 11, 13 et 15) , de la rue du Casino (actuelle rue Paul-Doumer) à la rue Buzeaux. Plus longue, elle est aussi moins large que celle du premier projet, ce qui permet d'élargir la future esplanade, portée à 24 mètres de large, la terrasse faisant 5 mètres. Le mode de construction diffère entre les deux projets : le garde-corps côté mer n'est plus en béton, mais en bois. En 1899, une tempête hivernale oblige à remplacer les pieux en bois par de la maçonnerie. De même en 1906, la plate-forme en maçonnerie de béton est réparée à la suite d'un fort coup de vent. Nous pouvons noter qu'à cette époque, le garde-corps n'est plus en menuiserie mais en ferronnerie (source : AD Somme, 99 O 2592). Les plans de cette époque montrent que la terrasse est longue de 130, 50 mètres et qu'elle constitue, avec le terre-plein situé à l'arrière, la première portion de digue du front de mer [fig. 5]. En 1924, 540 francs sont alloués par la commune pour la construction de 12 cabines neuves.
|